Nosferatu, Murnau, 1922

Le film intitulé NOSFERATU le vampire, de Wilhelm Friedrich MURNAU est un chef-d'oeuvre du cinéma muet EXPRESSIONNISTE. Murnau utilise les ressources du montage et surtout de l'éclairage, dans une ambiance en CLAIR-OBSCUR qui prend des significations SYMBOLIQUES.
Dans les deux séquences suivantes, le réalisateur montre un véritable COMBAT ENTRE L'OMBRE ET LA LUMIERE.
1/ L'ombre envahissante
Au début de cette séquence, le vampire Nosferatu apparaît sous la forme d'une ombre portée qui monte les escaliers. Ici L'OMBRE EST UN SYMBOLE DU MAL. Comme dans le reste du film, l'ombre prend des connotations négatives: les ténèbres diaboliques du château, la nuit inquiétante et enveloppante dans la forêt, etc.

Par contraste, l'héroïne effrayée apparaît dans une robe de nuit d'un blanc immaculé, virginal; éclairée par une lumière vive, elle semble rayonner.

Nosferatu s'approche de la porte de la chambre, sa main griffue s'allonge en direction de la poignée. Ce TRUCAGE sert l'ambiance fantastique du film, il nous fait plonger dans l'imaginaire.

La fille, terrorisée voit l'ombre de la main du vampire monter le long de son corps, pour se refermer sur son coeur. Le meurtre est encore symbolique: l'ombre s'empare du coeur, qui est aussi le symbole de l'amour.


2/Le triomphe de la lumière
La séquence finale commence au chant du coq. Le vampire penché sur le cou de sa victime, il tourne lentement la tête vers la fenêtre, comme alerté par le "cocorico".


En MONTAGE PARALLELE, c'est-à-dire au même moment, le serviteur fou de Nosferatu, voit la naissance du jour par la fenêtre de sa prison, il avertit le vampire à distance: "maître, attention !"

Mais la lumière est déjà en mouvement, elle fait briller le toit des maisons que l'on aperçoit par la fenêtre de la chambre.

Nosferatu se voile alors la face, mais il est trop tard, l'aube se lève, et il disparaît dans un FONDU. L'OMBRE EST VAINCUE PAR LA LUMIERE.
Ici, la lumière est le symbole du bien. Elle fait écho aux significations religieuses de la peinture occidentale, où la lumière est le symbole de Dieu.
Cela est particulièrement visible dans les peintures de Caravage, le maître du CLAIR-OBSCUR au 17ème siècle.
Cette dramatisation de l'ombre, héritée du CARAVAGISME, est caractéristique du cinéma EXPRESSIONNISTE dont Murnau est l'un des meilleurs représentant.



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